ECRITURE ET PHOTOGRAPHE PAR CATHERINE RICOUL
TRADUCTION ANGLAISE PAR KAMI L. RICE
STORY AND PHOTO BY CATHERINE RICOUL
ENGLISH TRANSLATION BY KAMI L. RICE
Marseille, le commencement du déconfinement
11 mai, le premier jour du déconfinement et sa première sortie depuis plus de deux mois au bord de sa mer bien-aimée …
Face à la mer, dans son imper beige, elle laisse son regard traîner sur la crête du Frioul. Elle se rappelle la dernière fois qu’elle a pris le bateau, la balade pour arriver à l’hôpital Caroline et ses histoires de quarantaine et de peste, puis ses yeux remontent vers le ciel et elle y devine la pluie qui rend tout si différent aujourd’hui—la mer a la couleur du plomb fondu et le petit phare de la Désirade brille comme s’il était déjà allumé. Si elle les ferme un instant, elle se voit marcher encore, sans contrainte, longtemps, marcher, marcher encore. Et puis s’asseoir sur ce banc, sans peur. Aurait-elle un jour imaginé que s’asseoir sur un banc serait interdit ?
Les garçons, eux, ont préféré faire une pétanque, face à la mer aussi, loin des rumeurs d’une ville qui se réveille. Cette pétanque est la meilleure partie de leur vie—s’agenouiller, calculer la distance, préparer son tir et lancer la boule. Qu’importe les points, aujourd’hui on joue pour de rire, pour faire comme avant, dehors, au grand air, au grand air de la mer qui les fait se sentir vivant, vivant, comme si le temps, cette lumière rare sur la mer pouvaient gommer deux mois du Dedans.
View from a Pandemic: Seaside Promenade, Marseille, France
May 11, first day of deconfinement and her first outing in over two months to her beloved seacoast…
In front of the sea, wearing her beige raincoat, her eyes slowly scan the summit of the Frioul archipelago. She recalls the last time she took the boat, arriving to wander up to the Caroline Hospital with its history of quarantine and plague. Then her gaze climbs toward the sky, and she observes the rain that makes everything so different today—the sea is the color of molten lead, and the little lighthouse, Desirade, shines as though its light has already been turned on. If she closes her eyes for a minute, she can see herself walking again, without constraint, for a long time, walking, walking some more. And then, in this vision, she sees herself sit down on this bench, without fear. Could she have ever imagined a day where sitting on a park bench would be forbidden?
The guys too are before the sea, preferring to play pétanque far from the rumble of a city waking up. This is the best match of their life—crouching down, calculating the distance, preparing their shot, and throwing the ball. The score doesn’t matter—today they play in order to laugh, in order to live again like they did before, outdoors, in the fresh air, in the fresh sea air that makes them feel alive, alive as though this moment, this rare light on the water, could erase two months of the Within.