Photo by Kami Rice.
MUSIC COMPOSITION AND ENGLISH AND FRENCH TEXT BY NOELLE HEBER
[Article en français ci-dessous.]
In 2013, I attended an intense, all-day, week-long training in Paris. The upper-floor classrooms hovered over the train tracks of the Gare de l’Est, and while we were too distant to hear the hustle and bustle of the train station traffic, one sound rang through the open windows in regular intervals: SNCF’s four-tone jingle that introduces train announcements to passengers. This audio sound serves as a friendly alarm, always followed by “Mesdames, Messieurs …” (“Ladies and Gentlemen …”) and useful train-travel information, such as on which track a train is arriving or an alert to a dreaded delay.
During my years of journeying through train stations in France, this jingle became a familiar sound, one I came to associate with the delight of train travel and which only became tiresome when I found myself stuck in any given train station due to a delay. However, during that week of training, the jingle rang in my ear one too many times, and I found that when I left for the day, it continued to echo throughout the evening and into the night.
How is a musician to cope with this? Perhaps by altering it a bit, replaying it out of rhythm, and then dancing along by adding new melodies to the incessant presence of these four notes.
After nearly two years of this counterpoint continuing only in my mind, I finally notated it and then performed the composition for the first time for a Parisian audience at the end of a concert featuring works by Bach and Mozart. It was meant partly to be a musical joke and a play-on-notes, triggering the ears of the public with a familiar but out-of-context sound. At first audience members furrowed their eyebrows, and then knowing smiles spread across their faces as they recognized this faithful musical travel companion.
Scored as a duo for violin and viola, the piece opens with isolated, altered repetitions of the jingle followed by a persistent syncopated rhythm set on the four notes, always carried by one of the instruments while the other takes a turn at improvising a melody on top of it. These musical lines are melodious, dissonant, insistent, and contrapuntal, responding to the repetitiveness with a sense of urgency, agitation, and even irritation. The imagined arrière-plan is meant to describe the urgent energy of travellers throughout France, racing against the clock to make their train, only to realize it’s been delayed.
The piece thus unites in sound the common travel experiences of people throughout the country and attempts to create beauty around the very realities that may end up exasperating us. Les Grandes Lignes titles this piece, not only because it names the type of train-travel (main lines/long-distance) where this jingle is heard, but also because the multiple nuances of the word lignes (“lines”) embody musical contours, boundaries, limits, and direction.
While I have had the pleasure of performing this piece with several violists, finally in 2019, I recorded it with Warren Kempf in the home studio of John Featherstone in Paris. The final mix (also by John) sat on my computer for over a year, and then earlier in 2020, during a period of confinement caused by the coronavirus pandemic, I realized it was time to complete the project by finally sharing it publicly in digital form.
En 2013, j’ai suivi une formation intensive (et sans relâche) d’une semaine à Paris. Les salles de conférence à l’étage surplombaient les voies ferrées de la Gare de l’Est. Bien que nous étions trop éloignés pour entendre l’agitation de la circulation en gare, un son résonnait à intervalles réguliers à travers les fenêtres ouvertes : le jingle de SNCF à quatre notes qui préfigure les annonces faites aux passagers. Ce son fait office d’annonce sonore amicale, toujours suivie de «Mesdames, Messieurs …» et d’informations utiles sur le voyage en train, telles que le numéro de voie ou une alerte qui confirme le retard tant redouté.
Au fil de mes nombreux passages dans les gares en France, ce jingle est devenu un son familier, que j’ai fini par associer au plaisir de voyager en train et qui ne devenait fatigant que lorsque je me retrouvais bloqué dans une gare à cause d’un retard. Cependant, pendant cette semaine de formation, le jingle a résonné dans mon oreille une fois de trop, et j’ai découvert qu’en fin de journée (de travail), il continuait à résonner tout au long de la soirée et même de la nuit.
Comment un musicien peut-il supporter cela ? Peut-être en le modifiant un peu, en le rejouant à contre temps, puis en dansant ou en ajoutant à ces quatre notes redondantes de nouvelles mélodies.
Ce contrepoint, qui n’existait que dans ma tête, a continué à résonner pendant presque deux ans. J’ai fini par le transcrire et j’ai ensuite interprété la composition pour la première fois devant un public parisien à la fin d’un concert consacré à Bach et Mozart. Initialement, ce n’était censé être qu’une blague musicale, un jeu de notes, qui titille l’oreille de l’auditeur avec une mélodie familière sortie de son contexte. A l’écoute des premières notes, les spectateurs froncèrent les sourcils, puis un sourire complice apparut sur leurs visages lorsqu’ils reconnurent ce bon vieux jingle qui les accompagne à chaque voyage.
Composée en duo pour violon et alto, la pièce s’ouvre sur des répétitions isolées et revisitées du jingle, suivies d’un rythme syncopé autour de ces quatre notes, toujours portée par l’un des instruments tandis que l’autre improvise à son tour une contre-mélodie. Ces lignes musicales sont mélodieuses, dissonantes, insistantes et contrapuntiques, répondant à cette répétitivité avec un sentiment d’urgence, d’agitation et même d’agacement. L’arrière-plan imaginé est destiné à décrire l’atmosphère pressante des voyageurs dans toute la France, lancés dans une course contre la montre pour attraper leur train et finalement se rendre compte qu’il a été retardé.
La pièce réunit ainsi en musique les expériences communes de voyage des gens à travers ce pays et tente de révéler la beauté autour des choses qui peuvent finir par nous exaspérer. La pièce est intitulée Les Grandes Lignes, non seulement parce qu’elle fait référence au type de voyage en train où ce jingle est entendu, mais aussi parce que les multiples nuances du mot « lignes » incarnent les contours musicaux, les frontières, les limites et la direction.
J’ai eu le plaisir de jouer cette pièce avec plusieurs altistes, mais c’est finalement en 2019 que je l’ai enregistrée avec Warren Kempf dans le home studio de John Featherstone à Paris. Le mixage final (également réalisé par John) est resté sur mon ordinateur pendant plus d’un an, puis, alors que nous étions confinés en raison de la pandémie de la Covid-19 de 2020, j’ai réalisé qu’il était temps de terminer le projet en le partageant enfin publiquement sous forme digitale.
Noelle Heber is a violinist, musicologist, academic editor, and translator. Born in the USA, she has lived in England, France, Romania, and Germany and enjoys discovering new countries and cultures, running marathons, and constantly learning.
Noelle Heber est violoniste, musicologue, rédactrice académique et traductrice. Née aux États-Unis, elle a vécu en Angleterre, en France, en Roumanie et en Allemagne. Elle aime découvrir de nouveaux pays et de nouvelles cultures, courir des marathons et apprendre en permanence.